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Portrait du cambrioleur contemporain

Bien que cela soit très tentant, il est tout à fait illusoire - et stigmatisant - de réduire les faits de cambriolage à une seule catégorie de personnes, d’autant plus que les profils varient selon les lieux et les époques. Dans tous les cas, l’intention initiale apparaît comme le critère le plus pertinent car c’est elle qui conditionne le mode opératoire, et par conséquent, le niveau de danger.

4 modes opératoires pour 4 niveaux de danger

Niveau 1 : le cambrioleur rôdeur ou l'opportuniste

Le cambriolage du rôdeur est un cambriolage opportuniste. La vue d’une fenêtre ou d’un garage entrouvert aura suffi à provoquer la tentation. N’ayant rien prémédité, le rôdeur se sert de ce qu’il trouve sur place pour forcer l’accès au logement et, pour la même raison, se contente de dérober de petits objets, aisément transportables et revendables. Peu équipé, il ne prend pas le risque de s’attaquer à une porte solide et fuit au moindre bruit ou déclenchement d’alarme.

Niveau 2 : les malfrats

Les malfrats agissent en groupe ou au sein d'une organisation. Plusieurs personnes ou différentes équipes peuvent intervenir pour un même cambriolage, comme par exemple une équipe de repérage suivie plus tard d'une équipe de cambriolage. Ils multiplient les vols, sont rapides et ont une nette préférence pour les appareils mobiles (smartphones, tablettes), les bijoux et l'argent liquide. Le matériel volé est écoulé par une filière de recel bien organisée. Les malfrats ont une bonne connaissance des systèmes d'alarme bas de gamme et n'hésitent pas à les détruire s'ils s’avèrent peu résistants. En revanche, ils ne sont généralement pas compétents pour contourner les systèmes de qualité bien pensés. Ils préfèrent les cibles peu protégées - moins risquées.

Niveau 3 : le cambrioleur "à l'ancienne"

Roi de l’anticipation, celui-là ne choisit pas ses cibles au hasard. Il ne s'intéresse qu'aux gros coups et peut agir sur commande. Il dispose de bonnes connaissances en serrurerie et en alarmes et se renseignera longuement avant de passer à l'action. Bien informé sur les habitudes de ses victimes, il agit toujours en leur absence, de manière à limiter les risques de confrontation, tout en ayant prévu au minimum une solution de repli. Seules des fermetures de très bonne conception et une alarme de très haute facture sauront l’arrêter.

Niveau 4 : le bandit

Dangereux, agissant toujours en groupe, il est en général lié au grand banditisme et ne s’attaque qu’aux cibles les plus rentables : banques, bijouteries, pharmacies, tabacs… Quoi qu'il arrive, rien ne l'arrêtera. Il n’a cure de déclencher des alarmes, puisqu’il compte avant tout sur sa rapidité d’intervention et son haut niveau d’équipement : matériel électroportatif, explosifs, armes… Face à ce genre d'individus, il n'y a qu’une seule chose à faire : tenter de le ralentir assez longtemps pour que la police puisse arriver. Pour cela, les meilleurs moyens sont des grilles métalliques de haute résistance et une machine à fumée couplée à un puissant projecteur stroboscopique afin de l'aveugler.

Fort heureusement, plus le mode opératoire est dangereux et plus il se fait rare. En Suisse, les cambriolages avec violence ont disparu depuis les années nonante, grande période des « home jackings » (en français : brigandages de domicile), caractérisés par l’intervention d’hommes lourdement armés, capables de torturer pour obtenir un code de carte de crédit. La tendance actuelle est l’intervention de bandes organisées internationales de niveau 2. Ces groupes multiplient les interventions en un laps de temps record, avant de se replier sur une base arrière, la plupart du temps située dans un autre pays.

Lieux, heures, périodes d’intervention, techniques de repérage : les petites manies des cambrioleurs

Davantage que le mode opératoire, qu’il est impossible de prévoir à l’avance, il vaut mieux porter son attention sur les habitudes communes à tous les cambrioleurs. Il faut garder en tête l’idée que le cambrioleur cherche avant tout à minimiser les risques encourus. Dans cette optique, il choisit sa cible en fonction de trois critères : le terrain, les habitudes des personnes et les potentiels points de fuite.

Les zones à risque

Le fréquence des cambriolages est lié à plusieurs facteurs environnementaux : le tissu urbain, la densité de population, la présence de frontières, la disponibilité des forces de l'ordre… Statistiquement, les habitations isolées ou les maisons en coeur de village, où tout le monde se connaît, font moins souvent l’objet de cambriolages que les habitations collectives en ville, où l’anonymat prévaut. Dans les immeubles, on compte plus de cambriolages au rez-de-chaussée, à cause des facilités d'accès et de fuite, et au dernier étage, où le risque de croiser des habitants est le moins élevé. Par ailleurs, on a tort de croire que les endroits luxueux sont plus souvent attaqués que les logements sans prétention. En réalité, le cambrioleur va moins focaliser sur le standing du logement que sur son niveau de protection. Il préférera intervenir dans une maison ordinaire mal protégée que dans dans une villa luxueuse ultra sécurisée.

Les horaires et périodes de prédilection

Un cambriolage est plus fréquent de jour que de nuit car, en journée, la majorité des gens sont au travail, et donc absents du domicile. La nuit, le logement est beaucoup plus rarement vide et, même si la lumière est éteinte, rien ne garantit que tous les occupants sont plongés dans un sommeil profond. Les fêtes de fin d'année entraînent toujours un surcroît de cambriolages car cette période est caractérisée par de nombreux déplacements et une baisse généralisée de l'attention.

Les techniques de repérage

Le ou les cambrioleurs effectue un ou plusieurs repérages, généralement nocturnes. Selon leur niveau de préparation, ils peuvent espionner un lieu durant quelques jours, voire quelques semaines. Quel que soit le point d’accès à la maison, le bureau et les chambres à coucher sont visités en priorité et font l’objet des dégradations les plus importantes. Certains cambrioleurs utilisent des signes de reconnaissance tracés au stylo, au crayon ou à la craie. Ces signes peuvent leur servir à indiquer à leurs complices les plages horaires de présence ou d'absence des habitants.

Afin de connaître les habitudes des victimes, les malfaiteurs peuvent en amont passer des appels téléphoniques ou faire du porte-à-porte en se présentant comme des démarcheurs.

Si vous pensez faire partir des cibles privilégiées, quelle que soit la valeur de vos biens, il est important de vous prémunir d’une potentielle intervention en sécurisant votre logement. Pensez également à doubler de vigilance lors des périodes de fête et n’hésitez pas à prévenir les forces de l’ordre si vous découvrez de potentiels signes de reconnaissance.